Jonque Santa Cruz.   [suite]

2001 : Fouille de sauvetage de la jonque Santa Cruz, au large de l’île de Luçon, Philippines.

La jonque Santa Cruz a été trouvée par hasard en avril 2001 par des pêcheurs à la dynamite. Le musée national des Philippines se rendit compte de la découverte lorsque du mobilier archéologique de grande valeur historique (et commerciale) apparut dans des boutiques d’antiquaires. Il décida de faire procéder à la fouille de l’épave afin d’éviter le pillage et la destruction définitive des vestiges du bateau et de sa cargaison.

Menée à la saison de typhons, la mission comptait 32 personnes. Deux mois et demi de travail sur site et de plongées innombrables par 30 m de fond furent nécessaires pour sauver près de 15000 objets appartenant la jonque. Cette cargaison constitue un des témoignages majeurs de la dynastie Ming (Période Hongzhu), de la fin du XVe siècle. 11500 pièces sont des céramiques d’excellente qualité et en parfait état de conservation. Certaines appartiennent à un répertoire rarissime comme des verseuses en forme de canards mandarins ou des écritoires en porcelaine.

L’épave elle-même, est l’une des mieux conservées jamais découvertes. Une importante partie du fond de carène est préservé, soit 25 m de long sur 5,8 m de large, rendant possible une étude détaillée de l’architecture navale la jonque. De plus, l’épave, trouvée avec sa cargaison en place, fournit une source d’information essentielle pour étudier les types de marchandises et les modes d’emballages dans chaque compartiment de la cale. Les céramiques étaient empilées et calées les unes contre les autres de sorte qu’aucun espace ne fût perdu. L’état de préservation de la cargaison rend hommage aux marchands chinois connus pour leur art du conditionnement.

En outre, le site du naufrage rend manifeste l’existence de la route maritime hauturière, à travers la mer de Chine, qui menait des ports méridionaux chinois jusqu’aux îles de Luçon et Mindoro. Il implique également un questionnement sur l’échange de porcelaines de première qualité dans cette région septentrionale des Philippines qui pourrait mettre en doute un commerce portant exclusivement sur des produits bas de gamme dans cette partie de l’archipel.

La fouille terminée, l’épave du Santa Cruz a été recouverte de sable et de boue afin de la protéger et la préserver. Les objets mis au jour, étiquetés et inventoriés, ont rejoint les laboratoires du Musée national des Philippines pour y être restaurés et étudiés.

L’étude de la jonque Santa Cruz est en cours de publication: F. Goddio, D. Fabre (dir.), The Ming Dynasty Santa Cruz junk shipwreck in Philippines, OCMA Monograph, Oxford, à paraître.

Rapport de mission, Musée national des Philippines.