1985 : Recherche et fouille de la jonque Royal Captain shoal, côte ouest de l’île de Palawan, Philippines.
À la recherche du vaisseau de la Compagnie Anglaise des Indes, le Royal Captain, naufragé le 17 décembre 1773, l’IEASM/FEFNA découvre une jonque noyée dans un agrégat corallien, par 3 à 4 mètres de fond sur le platier. Le récif sur lequel s’est échoué le vaisseau anglais apparaît sur les documents nautiques comme le « Royal Captain shoal », désormais écueil éponyme du navire marchand.
Assez curieusement à cet emplacement du récif, le fond corallien présente un profil de « pénéplaine » contrastant assez nettement avec la traditionnelle alternance chaotique des chenaux de retour, amorces de sillon, levées d’éperon et élévations détritiques observées par ailleurs sur la couronne récifale. Les sondages bathymétriques révèlent d’ailleurs que le gisement occupait une légère dépression formant une cuvette d’environ 100 mètres de diamètre.
Lors de sa découverte, l’épave se signalait par un amas de barres de fer parallélépipédiques amalgamées les unes aux autres par la corrosion, un semi de porcelaines fichées verticalement dans le sol et totalement arasées en surface, un disque de bronze coincé verticalement dans une crevasse. La fouille et l’analyse a posteriori du site permet de reconstituer avec assez de précision tant les circonstances du naufrage que les conditions d’enfouissements ou de dispersion du matériel de la cargaison. Cette dernière est datable de la fin de la dynastie Ming, du règne de l’empereur Wan-li (1573-1619) et est représentative du commerce maritime vivace entre la Chine et les îles de la mer de Chine de l’époque. Elle comprend notamment des céramiques, des perles de verre et des gongs de bronze.
L’île de Palawan à l’est du Royal Captain shoal marque la frontière entre la mer de Chine et la mer de Sulu, véritable mer intérieure à l’archipel, fermée au sud par l’île de Bornéo. Le passage ouest le long de Palawan permet de remonter, lors de la mousson du Sud-Ouest, depuis Singapour vers Hong Kong ou le Japon. Il emprunte un couloir d’une trentaine de kilomètres, coincé entre de nombreux écueils du large tel que le Royal Captain shoal et une dangereuse zone de hauts-fonds qui déborde l’ouest de Palawan sur 25 km. Si cette route maritime n’est mentionnée que depuis le XVIIIe siècle sur les cartes comme le « Palawan passage », elle est effective aux époques anciennes comme en témoignent la découverte de cette jonque mais également des jonques Breaker (XIe siècle), Investigator (XIIIe siècle) et Lena (fin XVe siècle).
Rapport de mission, Musée national des Philippines.
Publications :
Dossier d’histoire et d’archéologie
Weisses Gold